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Dans les étoiles, par Helena Megrelis

Article du 4 juin 2012, publié par PO (modifié le 5 juin 2012 et consulté 290 fois).

La Nouvelle vague fantastique : Table des matières


Dans les étoiles

Helena Megrelis

Je m’appelle Antoine Montant et je viens de fêter mes vingt-sept ans. L’histoire que vous allez lire est la mienne, j’ai décidé de l’écrire pour essayer de me persuader qu’elle est réelle car pour tout vous avouer, j’en doute tous les jours… J’espère avec ce récit pouvoir me prouver à moi-même que ce n’est pas un rêve.

Je suis passionné de parapente depuis mon plus jeune âge, je savais manier une voile avant de savoir compter. C’est de famille à vrai dire. Certains deviennent avocats, d’autres médecins mais moi, mon destin a toujours été de voler. Tout dans ce sport extrême me plaît, j’aime l’adrénaline qu’il me procure quand je suis dans les airs, j’aime la montée d’angoisse qui me pince quand je m’élance dans le vide, j’aime ce sentiment de liberté qu’il me fait ressentir, j’aime l’image du monde vu d’en haut qu’il me donne… ; inutile d’en faire un roman, j’aime ce sport.

Et c’est grâce à tout cela qu’aujourd’hui le parapente est mon métier ; les nombreuses compétitions que j’ai brillamment réussies m’ont fait obtenir le titre de champion du monde, c’est un grand honneur mais cela ne signifie rien. L’argent que j’ai gagné, je l’ai donné à des associations caritatives, je ne garde que le strict minimum qui me permet de me nourrir, de m’habiller, de payer ma petite maison perchée dans les Alpes et de financer mon matériel de parapente.

Un jour, après un après-midi passé dans les cartons pour trier mes voiles usées, je décidai de m’octroyer un petit plaisir en allant en acheter une neuve. Je montai dans ma voiture et me dirigeai vers le centre ville à vingt minutes de ma maison. Quand je fus arrivé, j’entrai dans une petite boutique pour sports extrêmes, qui me paraissait fiable à sa façade colorée. Quelle erreur je fis là ! Un homme âgé attendait sur une chaise, il me regarda ou plutôt il me dévisagea et au bout d’un instant, il me demanda de le suivre, il me fit traverser plusieurs grandes salles et enjamber diverses choses. Ce périple terminé, il me demanda ce que je cherchais comme type de voile, je ne me sentais pas à mon aise avec ce vieillard si anormal, il chuchotait des choses incompréhensibles dans son coin en cherchant dans les cartons. Il finit par trouver une voile qui me semblait correcte, je réglai et me précipitai vers la sortie. Pendant le trajet, je repensai à ces dix minutes passées avec ce vieux monsieur qui n’avait pas cessé de me scruter et de me lancer des regards inquiétants… J’en avais encore des frissons ! Mais à présent c’était fini et j’étais satisfait de mon achat. Cet homme me sortit de la tête pendant les mauvais jours qui suivirent. La météo n’était pas de mon côté, il n’arrêtait pas de pleuvoir, une épaisse brume surplombait la montagne. Au bout du quatrième jour de grisaille mon désir de voler était trop fort et je décidai d’y aller. Jamais je n’aurais du sortir de chez moi…

C’était l’occasion de mettre ma nouvelle voile à l’essai, je vérifiais maintes fois que tout était bien accroché avec succès. Ca y est, j’y étais ! Je pris une profonde inspiration et m’élançai dans le ciel ! Ah que c’était bon de voler, quelle sensation incroyable, que le bruissement de la voile qui se gonfle me plaisait… Je jubilais, tout me paraissait plus beau vu d’en haut. Quand je fus remis de mes émotions, je décidai de tester ce parapente ; j’exécutai quelques petits tours, deux ou trois loopings. Tout fut très bien réussi, ma voile était incroyablement réceptive, je fus d’abord ébahi… Malgré les gouttes qui s’abattaient sur elle, elle continuait à virevolter comme si de rien n’était.

Mais peu à peu, cela commença à me troubler, il me semblait qu’il était trop résistant et trop maniable… Ces qualités devenaient des défauts ! Le bouillard m’enveloppait toujours quand, soudainement, une étrange lueur s’abattit sur moi, je perdis le contrôle de mon parapente pendant plusieurs secondes, je tenais bon malgré les nombreuses secousses que je ressentais et je finis par retrouver le contrôle de mon engin. J’étais bleu de peur ! Un puissant coup de vent me projeta en l’air, je pris de l’altitude, trop d’altitude, car à présent je ne voyais plus rien, mon horizon se résumait à du brouillard ! Le vent ne s’arrêtait pas et j’avais la tête en bas, j’étais secoué tel un sac de pommes de terre. Je fermais les yeux pour ne pas voir toutes les acrobaties que j’exécutais malgré moi, je ne contrôlais plus rien, la peur s’empara de moi ! Je tourbillonnais avec le vent qui me soufflait dessus ! Ah, je vous souhaite de ne jamais connaître cette sensation !

Quand ce manège s’arrêta et que je me retrouvai à l’endroit, je cessai enfin mes cris. J’osai ouvrir un œil puis l’autre, je fus effaré, où ce malheureux vent m’avait-il donc amené ?! Autour de moi, il n’y avait que du brouillard, un brouillard blanc comme la neige, je ne distinguais rien… Tout était trouble ! Cette atmosphère angoissante me fit avoir des frissons… J’avançais doucement dans la pénombre, essayant d’apercevoir quelque chose. Je prêtais l’oreille au moindre petit bruit, ce silence de mort était insupportable ! Tout cela était digne d’un film d’horreur… J’étais seul dans le néant.

Quand soudain un bruit indescriptible attira mon oreille : je me tournai dans la direction du son et là, mon dieu ! Je vous en prie, croyez-moi, ce n’est pas un mensonge, je sens encore une boule d’angoisse dans mon estomac, je crus voir, à quelques mètres de moi, une étoile ou une planète ! Je ne pouvais analyser cette gigantesque sphère flottant dans l’atmosphère brumeuse : c’était affolant ! Des centaines de questions se bousculèrent dans mon cerveau, comment une chose pareille était possible ?! C’était impossible et pourtant cette imposante chose était bien là. Après maintes réflexions, je décidai de m’avancer, après tout, qu’est-ce que je risquais ? J’étais déjà seul dans le néant. La curiosité remplaça la peur, je me déplaçai vers cette chose.

Cette sphère pittoresque était formée d’une sorte de granite blanc, qui était inconnu à ma connaissance, je voulus le toucher, je tendis la main et j’en arrachai un morceau que je mis dans ma poche. Que cette pierre blanche était belle ! Je restais là, suspendu dans les airs à contempler cette incroyable boule quand une nouvelle rafale de vent m’emporta loin, très loin… Inutile de vous le réexpliquer, cette seconde secousse fut exactement similaire à la première ; je commençais à être habitué ! Cela ne m’empêcha pas de tressaillir encore une fois ! Qu’allait-il donc se passer maintenant ?! Où allais-je atterrir ? Mais cette fois je m’arrêtai plus vite que la première fois et je me retrouvai au sol, les pieds dans l’herbe ! J’étais bien là, à l’endroit quitté quelques heures avant je suppose, j’apercevais ma voiture. Je m’assis pour me remettre de mes émotions, j’étais bien allé dans les étoiles, j’en étais certain ! Mais en y repensant, comment était-ce possible ?! Je devenais fou ; le brouillard m’avait fait voir n’importe quoi ! Ah ! Et pourtant j’avais bien vu, de mes yeux vus ! Je m’allongeai dans l’herbe et fermai les yeux… Je sentis quelque chose de dur dans ma poche, je le sortis et c’était bien ce que j’espérais, un petit morceau de pierre blanche…

Un petit souvenir, me suis-je dit.

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