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Au revoir Mme Benso !

👋 Un entretien avec Mme Benso avant son départ à la retraite pour Graffiti / Les Cahiers de l’École alsacienne

Évelyne Benso, plus connue sous le nom de Madame Benso, a quitté l’École après maintes années de bons et loyaux services. Voici sa toute dernière interview, réalisée quelques jours avant son départ à la retraite.

D’abord jouons à « Si vous étiez…»

G : Si vous étiez “une couleur ?”
E. B. : Mauve, prune sont les couleurs que je préfère.

G : Un animal ? 
E. B. : Un chat tout simple, européen, sans prétention. J’aime son caractère indépendant, ses ronronnements, sa présence tranquille, la légèreté de ses pas, la façon dont il se frotte sur tes jambes pour qu’on s’occupe de lui.

G : Un personnage historique ? 
E. B. : Je me reconnais dans la “ petite histoire ”, celle des gens, des peuples. Je serais peut-être un chanteur comme Jean Ferrat, quelqu’un qui chante à la fois la poésie et transmet aussi ses idées, qui s’engage.

G : Une plante ? 
E. B. : Une fleur champêtre, les fleurs qui poussent comme elles veulent, pâquerettes, jonquilles, boutons d’or…

G : Quel livre sur une île déserte ?
E. B. : Je préférerais écrire. Sinon des classiques, comme ceux de Victor Hugo. Peut-être aussi la Bible.

G : Une chanson ou musique ?
E. B. : Salsa, musique sud-américaine, très joyeuse, un peu de jazz et du Mozart.

G : Un film ?
E. B. : Le Parrain, les Woody Allen, Les tontons flingueurs, des comédies musicales, Forrest Gump, La liste de Schindler, tous ces films aux répliques légendaires !

G : Votre destination de vacances préférée ?
E. B. : La montagne, le Sud de la France, l’Italie aussi : Rome, Florence…

G : Et celle que vous rêvez de découvrir ?
E. B. : La Grèce.

Maintenant, je vous propose de nous faire découvrir votre parcours au sein de l’EA et de nous parler de vous.

G : Madame Benso, depuis combien d’années travaillez-vous à l’École alsacienne ? 
E. B. : Presque 23 ans.

G : Avez-vous des enfants ? Si oui, est-ce qu’ils ont étudié à l’Alsacienne ?
E. B. : J’ai deux filles, Marie et Alice – qui a fait sa 1re et sa Terminale à l’École alsacienne . J’ai aussi deux petits-enfants, Amalia et Tancrède. Ils ne sont pas à l’EA, ils vivent en Bretagne.

G : Dans quel domaine travailliez-vous avant d’arriver à l’EA ?
E. B. : J’ai travaillé pour un club d’escalade à Boulogne et aussi pour la Croix-Rouge. J’ai pendant des années élevé mes deux filles en mettant une longue parenthèse à ma vie professionnelle pour me consacrer à ma famille.

G : Qu’est-ce qui vous a amené à travailler à l’École alsacienne ?
E. B. : J’ai toujours voulu travailler avec des jeunes. Je voulais d’abord être professeure d’anglais mais j’ai dû arrêter mes études pour travailler. Je cherchais un poste de secrétaire et je suis tombée un peu par hasard sur une annonce de l’École alsacienne où je ne connaissais personne. J’ai postulé tout simplement.

G : Qui étaient alors les directeurs de l’Alsacienne et du Grand Collège ?
E. B. : Monsieur Fuchs était directeur de l’École alsacienne et Monsieur de Panafieu était directeur du Grand Collège. À l’époque, on disait censeur !

G : Vous avez commencé à l’EA en tant que CPE directement ou y avez-vous exercé plusieurs fonctions ?
E. B. : J’ai été pendant quelques mois secrétaire à mi-temps, puis adjointe d’éducation quelques mois en 5e, puis pendant 10 ans en 2de. J’ai suivi une formation de CPE et ai obtenu la validation avec les félicitations du jury. J’étais très heureuse de cela; c’est une formation très exigeante et cela confirmait aussi que j’avais fait le bon choix. J’ai donc attendu qu’un poste à l’École alsacienne se libère.


G : Depuis toutes ces années, vous êtes témoin de l’évolution de l’École alsacienne. Est-ce qu’il y en a une qui vous semble particulièrement marquante ?
E. B. : Oui, j’ai été témoin de l’évolution de l’École.
Au sujet des élèves, l’évolution marquante est la place faite à ceux qu’on dit « différents », ceux qu’il faut aider par les PAP ou les PPS (plan d’accompagnement personnalisé et projet personalisé de scolarisation, NDLR). L’École a toujours accueilli des enfants qui rencontraient des problèmes. Mais ce n’était pas formalisé. Bien des élèves ont été soutenus par l’École, et ils ont fait de belles études. Maintenant que ces aménagements sont officiels, les professeurs s’y sont adaptés. Accueillir ces enfants est une bonne chose, mais je crois qu’il y a encore des progrès à faire et qu’il faut réfléchir aux moyens pour que l’inclusion soit efficace du côté des élèves comme du côté des personnels et notamment des professeurs qui font de leur mieux mais qui parfois sont un peu démunis. 

Un autre changement est la place de plus en plus importante du numérique, avec l’utilisation de l’iPad. Il peut y avoir de mauvaises utilisations. Il faut être vigilant, c’est aussi le rôle des familles.

Enfin, la sensibilisation de nos élèves aux problèmes écologiques. Il y a beaucoup d’initiatives : végétalisation, tri à la demi-pension… Mais je regrette qu’on oublie la pollution numérique, car il y a là un réel problème. Il me semble que cet aspect devrait être pris en compte.

G : Vous encadrez l’équipe éducative en charge des 6e, 5e et 4e. Quels ont été les moments les plus difficiles pour vous ?
E. B. : Un CPE ne se limite pas au suivi des élèves, même si cela représente évidemment le principal du métier. Il y a une équipe : il faut savoir connaître les personnes avec qui on travaille, instaurer la confiance avec elles, savoir échanger, s’écouter, se comprendre. Il faut être empathique pour que cette équipe se sente au mieux. Mes adjointes effectuent un travail exigeant et je les encadre, les conseille et fais en sorte qu’il y ait une cohésion, un travail d’équipe dans une bonne ambiance…
Des moments difficiles ? Gérer des conflits et ménager les susceptibilités des uns et des autres !

G : Et les moments positifs qui vous ont le plus marqués ?
E. B. : Dans l’encadrement d’une équipe : la satisfaction de voir les personnes avec qui je travaille heureuses de venir travailler. Ce sont toujours des moments positifs.

G : Vous avez probablement accompagné les élèves en voyage. Est-ce qu’il y en a un en particulier qui vous a laissé un souvenir plus important ?
E. B. : Tous les voyages auxquels j’ai participé m’ont laissé de magnifiques souvenirs : les élèves sont heureux d’y participer ; ils font plein de découvertes mais également ils vivent ensemble pendant plusieurs jours, apprennent à se connaître et construisent de belles amitiés. Les accompagnateurs sont ravis d’y participer, d’encadrer, et ce parce qu’ils apprennent à se connaître et à s’apprécier. Il est indispensable que les professeurs et le personnel soient heureux pour que les élèves le soient aussi !

Un très beau souvenir à Rome : on célébrait à Ostie les 50 ans de la création du voyage. On rendait hommage à Monsieur Hacquard, ancien directeur de l’EA, qui fut avec Madame Dumontet à l’initiative de ce voyage dont le but était de découvrir la Ville Eternelle in situ. À la fin de la célébration, on a demandé à Monsieur Marbeau de « lâcher » une colombe. Elle s’est envolée, mais quelques secondes plus tard elle est revenue se poser parmi les élèves de l’École. Tout un symbole. C’était très émouvant !

G : À partir de 2023, vous aurez un peu plus de temps pour vous occuper de vous et de vos proches. Est-ce qu’il y aurait un domaine où vous souhaiteriez vous engager ?
E. B. : Je vais d’abord me reposer, penser à moi. Je dirais aussi que je vais me « désintoxiquer » d’un rythme un peu infernal. J’ai adoré ce travail, mais il m’a pris énormément d’énergie. Je vais également me recentrer sur ma famille et mes amis. Vivre à un rythme moins effréné. Mes deux parents sont âgés et je souhaite pouvoir être près d’eux. Je veux être présente pour mes filles et mes petits-enfants qui grandissent vite. Je veux pouvoir les accueillir, partager des moments sympas avec eux, jouer, rire, lire, leur transmettre leur histoire familiale. C’est important pour eux d’avoir des grands-parents aimants et présents ! Je me mettrai à l’italien, peut-être au piano, et je ferai du volontariat dans une association.

G : Est-ce que vous souhaiteriez laisser une phrase ou un conseil pour nous aujourd’hui ?
E. B. : Un conseil : respectez les différences et soyez gentils les uns avec les autres ! La gentillesse, c’est important ! Allez au bout de vos rêves ! Même si ce ne sont pas forcément ceux de vos parents !

Propos recueillis par Frédéric L.
Photos prises par Antoine Bonfils


Article paru dans Graffiti n°31

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