École alsacienne
École alsacienne > Année scolaire > 2023/2024 > Hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard

Hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard

L’École alsacienne a rendu hommage aux deux professeurs assassinés et mis à l’honneur l’esprit critique, la liberté d’expression et la liberté de conscience 

Le mardi 17 octobre 2023, l’École alsacienne a rendu hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire et géographie du collège de Conflans-Sainte-Honorine assassiné le 16 octobre 2020, et à Dominique Bernard, professeur de lettres de la cité scolaire Gambetta-Carnot assassiné le vendredi 13 octobre 2023. 

La cérémonie s’est déroulée auprès de l’arbre de la liberté, planté en mémoire de Samuel Paty, dans la cour Babar de l’École alsacienne.

Alain Grangé Cabane, président de l’École alsacienne, et Pierre de Panafieu, directeur de l’École alsacienne, ont prononcé un discours. Des élèves du primaire et du collège dont certains font partie de l’atelier d’éloquence du collège animé par Jessica Egron et Véronique Ziegler, ont lu le poème « Liberté » de Paul Éluard.

La veille, le lundi 16 octobre 2023, l’ensemble des élèves et des équipes de l’École alsacienne a observé une minute de silence à 14h00 en mémoire des professeurs assassinés. De plus, dans toutes les classes, les professeurs ont pris soin d’accueillir les élèves et de mettre en place un temps d’échange.

Vidéo de la cérémonie

Vidéo : Éric Renault

Photos de la cérémonie

_DSC0949

Photos : Antoine Bonfils

Discours d’Alain Grangé Cabane

Mes très chers amis,

Nous avions, Pierre de Panafieu et moi, prévu de rendre hommage à Samuel Paty, pour le
troisième anniversaire du supplice dont il a été victime.

Rappelons-nous : un an après son assassinat, nous avons planté un arbre de la liberté dans
cette même cour.

L’année suivante, nous avons apposé cette plaque sur le mur qui est derrière nous, en
hommage à ce collègue martyrisé.

Cette année, nous entendions rappeler que Samuel Paty – “Monsieur Paty” comme
l’appelaient ses élèves – est toujours présent en nous.

Et voilà que nous sommes cruellement rattrapés par l’actualité : après Samuel Paty, après
Agnès Lassalle (assassinée en février, à Saint-Jean de Luz), c’est aujourd’hui Dominique
Bernard, professeur de Lettres qui s’écroule mortellement poignardé dans la cour de son
lycée d’Arras.

Ces assassinats – nous le savons – ne répondent qu’à un seul mobile, explicitement
revendiqué : mettre à bas, fût-ce symboliquement, l’Ecole de la République, ses valeurs et
ses engagements – notamment de liberté et de laïcité.

Nous le savons bien : porter la main contre une école, c’est porter atteinte à tout ce qu’une
école représente : la liberté de penser, la foi en le progrès, le culte du savoir, l’esprit critique
et le respect de l’autre en ce qu’il diffère de moi.

Nous devons donc être fiers d’incarner ces valeurs aux yeux des barbares qui les nient et
même les combattent – et nous ne cèderons RIEN.

Et quant à ceux qui tombent au nom de ces valeurs, ils sont les héros, les vrais héros, de
notre temps ; ils doivent être célébrés comme tels.

C’est pourquoi, avant que notre Directeur ne nous éclaire sur le sens de cette cérémonie,
nous vous invitons, lui et moi, à respecter – en l’honneur de Samuel Paty, en l’honneur
d’Agnès Lassalle, en l’honneur de Dominique Bernard – à respecter une minute de silence et
de reconnaissance.

Alain GRANGE-CABANE
Président de l’Ecole Alsacienne
17 octobre 2023

Discours de Pierre de Panafieu

Pour Samuel Paty ; pour Dominique Bernard.

Le 17 octobre 2023

Quelle profession est plus pacifique que celle de professeur ?

Consacrer sa vie professionnelle à transmettre ce que le génie humain a créé et crée en
ce moment même, à la génération qui vient, n’est-ce pas la plus belle et la plus paisible
des occupa­tions ?

Pourtant aujourd’hui, nous savons que des assassins considèrent qu’exercer ce métier
mérite la mort.

Ce que le meurtre de Dominique Bernard nous apprend, c’est que cette haine homicide
envers une paisible profession n’est pas l’effet du dérèglement mental d’un individu.

Cette haine est partagée.

Pourquoi ?

Parce que le savoir que le professeur transmet émancipe l’élève.

Là où les assassins souhaitent le voir tout entier asservi à un dogme absolu.

Parce que comme le dit Régis Debray “Il faut toujours un maître pour apprendre à se
passer de maître”.

Tuer le maître, c ‘est assurer l’asservissement des enfants au fanatisme, à
l’obscurantisme.

Par son enseignement, le professeur ouvre l’esprit des élèves à autrui.

À une manière de voir et de penser qui ne correspond pas forcément à leur tradition
familiale de manière qu’ils puissent dire, comme Montaigne ” je reçois plus facilement la
différence que la ressemblance en nous”.

En plantant cet arbre de la liberté, nous avons voulu symboliquement rendre hommage à
un homme, Samuel Paty ; maintenant nous associons dans notre hommage un autre
homme, hélas ! Dominique Bernard.

Puisse la liste s’arrêter là.

Puisse le nom de ces deux héros qui ont été assassinés parce qu’ils exerçaient avec
conscience leur pacifique profession de professeur de liberté, puissent leurs noms rester
dans nos cœurs.

Nous allons entendre un poème de Paul Eluard dans un instant, commençons par lui :
« Le passé est un œuf cassé. Le futur est un œuf couvé. Le présent, C’est mon cœur. Le
rythme de mon cœur est un rythme éternel ».

Pierre de Panafieu
directeur de l’École alsacienne

Références et ressources

❤️ Mécénat 2024 : soutenez nos actions !

⭕️ Tables rondes : l’Éducation en questions